Tout est dans les definitions
Me voici de retour de 2 jours a Hong Kong. Rien a dire, HK c'est vraiment tres tres sympa, en plus il faisait environ 30, un peu de vent de mer... Dommage qu'on ne soit pas bases la-bas ...Mais ceci dit, vu le coup de la vie sur place je ne suis pas sur qu'on en profiterait beaucoup, ce serait cup noodles a tous les repas.
Avec quelques siecles de retard et tout a fait par hasard, ce sejour a ete l'occasion de discuter du Da Vinci Code. J'ai demande a une amie ce qu'elle en pensait et la reponse a ete "Rien de special, c'est juste de la science-fiction"...
Aie.
Il y a vraiment un probleme avec les definitions, et c'est quelque chose d'assez courant. Il n'y a PAS le moindre rapport entre le Code Da Vinci et le genre appele SF. Il n'y a pas le moindre element scientifique dans DVC. Il n'y a pas la moindre interrogation, le moindre essai de prospective, sur l'avenir, sur l'espace, l'evolution des technologies et son rapport as nos societes... Rien de rien. Aucune raison de le qualifier de SF a quelque titre que ce soit.
Le pire c'est quand des ignares parlent de "fiction" en omettant "science-" pour comparer (negativement) un film de SF et une production plus respectee, ou du moins, "acceptee", comme un quelconque film policier americain. Au risque de choquer, l'inspecteur Harry, Columbo et meme Rambo n'existent PAS. Ils sont des personnages de fiction au meme titre que Mickey ou le Capitaine Kirk. Le simple fait qu'ils evoluent dans un cadre contemporain et n'utilisent pas de technologies qui depassent le Colt .45 n'en fait pas moins des oeuvres de fiction que Star Trek ou Riddick... Encore, quand des gens qualifient le Seigneur des Anneaux de SF, bon, je dirais que c'est ignorant mais pardonable, mais la, quand meme, le Code Da Vinci... Merde alors... Le Code Da Vinci...
Accessoirement, le DVC est une ignoble daube.
Vraiment ignoble.
Ce n'est pas pour de quelconques raisons religieuses, c'est juste que l'auteur ne sait, malheureusement pour lui et pour nous, absolument pas ecrire, ce qui est quand meme une faille pour un romancier. Essentiellement, ce livre est une (tentative de) cours - tres simple d'acces - sur l'histoire du christianisme (ou plutot du catholicisme) qui a ete partitionnee en chapitres et entre lesquels sont intercales des episodes "romanesques" starring un personnage qui n'est autre que l'auteur lui-meme, un gentil prof de fac, sous un autre nom - la structure du livre est tres ...transparente... J'ai fait l'effort de le lire (mais certainement pas de l'acheter) et j'ai souffert jusqu'au bout en me demandant pourquoi cette chose avait eu un tel succes. Je crois m'etre endormi une ou deux fois en route et au final ca m'a pris deux semaines en me forcant a tourner les pages. Deux semaines... Meme le manuel d'economie politique de Raymond Barre je l'avais lu plus vite que ca...
Dans l'avion du retour, je relisais pour la Xeme fois Hyperion, de Dan Simmons - un des vrais chefs d'oeuvre de la SF, justement. Voila bien un bouquin que je recommande. Complexe, pas facile d'acces, devant etre lu en anglais autant que possible... Il faut vraiment en vouloir. Ca ne fera jamais un film familial avec Tom Hanks ou un gros best-seller dans les relais Hachette mais c'est vraiment remarquable. Le decalage de competence et de creativite entre Simmons, auteur, et cette brele de Dan Brown, redacteur de romans pour quais de gare, est vraiment spectaculaire. Mais, soyons realiste, ce ne sont pas les gens qui qualifient le DVC de "SF" et qui apprecient les films de Tom Hanks et Audrey Chien-chien qui vont se mettre a acheter Hyperion.